Le dimanche 14 décembre, l’association Arbres Remarquables de l’Aube, en partenariat avec la Ligue de Protection des Oiseaux et le cinéma Utopia, a proposé la projection du film documentaire Le Chant des Forêts, réalisé par Vincent Munier. Cette séance publique, organisée en matinée, a rassemblé plus de 200 spectateurs, témoignant d’un intérêt marqué pour le cinéma documentaire et les thématiques liées au vivant. Quatre ans après La Panthère des Neiges, Vincent Munier revient sur les terres de son enfance, au cœur des forêts vosgiennes. Le film retrace une transmission intergénérationnelle entre trois regards, un grand-père, un père et un fils, unis par une même attention au monde sauvage. À travers une approche patiente et immersive, le documentaire donne à voir une forêt habitée, structurée par des interactions écologiques riches, où apparaissent notamment cerfs, renards, oiseaux forestiers rares et le Grand Tétras. Le public a manifesté un vif intérêt pour la représentation d’une forêt vivante, complexe et largement méconnue, ainsi que pour la dimension humaine du film, centrée sur la transmission, le temps long et la relation sensible au vivant. Cette projection s’inscrit pleinement dans les objectifs de sensibilisation portés par les associations partenaires, en mettant en lumière les enjeux de préservation des milieux forestiers et de la biodiversité.

Chaque arbre est un superorganisme, un arbre-monde. Lors de cette conférence Françis Martin nous a dévoilé comment les interactions symbiotiques animent des réseaux d’interdépendance complexes au sein des forêts, tissant des liens entre le monde des arbres et le peuple des microbes. Les symbioses entre plantes et champignons façonnent les écosystèmes terrestres depuis des millions d’années. Ces associations à bénéfices mutuels entre les espèces facilitent leur capacité d’adaptation, notamment face aux défis posés par le changement climatique. Des forêts primaires du Yunnan à celles de nos futaies jardinées, Francis MARTIN vous fera découvrir comment les scientifiques sont en train de révéler les secrets d’un monde souterrain, invisible et largement méconnu : le microbiote des forêts.
Dans l’humus ou sous la terre, loin des regards, arbres, champignons et autres organismes des bois tissent des liens secrets. La forêt hyperconnectée dévoile ces relations mystérieuses sous la forme d’un abécédaire accessible et très complet. Les relations secrètes du monde forestier. Quand Francis Martin se rend en forêt, il apprécie la beauté des grands arbres, la diversité des végétaux et des champignons rencontrés, les ambiances mystérieuses et calmes qui caractérisent la forêt de Lorraine qu’il parcourt régulièrement. Mais ce spécialiste international des relations symbiotiques entre champignons et arbres voit aussi tout autre chose en plus de la beauté de la forêt. Il sait que derrière le silence et l’immobilité apparente des frondaisons, le sol et le sous-sol de nos bois constituent un immense entrelacement végétal plus connecté que le meilleur des réseaux informatiques. Des milliers de kilomètres de mycélium et des organismes parfois multicentenaires y compris chez les champignons comme chez les plantes tissent des réseaux qui non seulement s’entrecroisent, mais aussi collaborent entre eux. Bien que les bois de Lorraine soient ses lieux d’immersion de prédilection, l’auteur a également étudié la forêt méditerranéenne ou encore celle des zones montagneuses comme les Alpes.

Francis MARTIN, Directeur de recherche à l’INRAE de Nancy et Professeur associé à l’Université agronomique de Chine, est physiologiste et microbiologiste. Ses recherches portent sur les interactions symbiotiques entre les arbres et les champignons. Membre de l’Académie d’agriculture de France, il s’engage activement à renforcer le lien entre la science et la société. Par ses nombreuses interventions et ses livres accessibles au grand public, il encourage le dialogue avec la société. Parmi ses ouvrages, on trouve « Sous la forêt : pour survivre il faut des alliés » et « Les arbres aussi font la guerre » (HumenSciences), « La forêt hyperconnectée » (éditions La Salamandre) et « L’Arbre-Monde » (Belin). Ses contributions littéraires ont été saluées par le Prix du Livre sur l’Arbre en 2022 et le Prix Émile Gallé en 2023.

Ce 26 septembre 2025, l’association Arbres Remarquables de l’Aube a participé à la cinquième édition de La Journée de la Création, un événement majeur de sensibilisation à la préservation de l’environnement, organisé par le groupe de travail Écologie Intégrale de l’Enseignement Catholique de l’Aube. Depuis sa création, cette journée n’a cessé de croître : après avoir rassemblé 700 élèves en 2020 et 2021, puis 1000 en 2022, l’édition 2024 avait déjà accueilli 1150 participants. Comme l’an passé, notre association a eu le plaisir de revenir à ce rendez-vous incontournable, accueilli à Notre Dame en l’Isle. Le cadre s’y prêtait particulièrement bien, grâce au très grand nombre d’arbres remarquables présents dans le parc, parmi lesquels une magnifique allée de tilleuls et, à l’entrée du site, cette majestueuse allée de platanes Troyenne menant au lieu. Ces alignements, témoins d’un riche patrimoine paysager, pourraient tout à fait être pris en photo dans le cadre du concours organisé jusqu’au 14 novembre 2025 par l’association Arbres Remarquables de l’Aube. De 9h à 16h, c’est par groupes de trois classes que nous avons évoqué l’arbre remarquable, en abordant avec les élèves une question essentielle : c’est quoi un arbre ? Nous avons également présenté son cycle de vie, de la graine jusqu’au vieil arbre, mémoire vivante et acteur essentiel des équilibres écologiques. Les photos d’arbres majestueux du département de l’Aube ont permis de rendre ce patrimoine tangible et inspirant. Les réactions des élèves ont été à la hauteur de l’enjeu. Leurs questions, tour à tour naïves, profondes ou poétiques, témoignaient d’un véritable émerveillement : « Les arbres montent-ils jusqu’au ciel ? », « Les arbres poussent-ils encore quand ils sont morts ? »… Autant d’interrogations qui montrent la puissance de l’arbre comme support d’éveil au monde vivant. Au terme de chaque séance, de nombreux enfants sont venus nous remercier sincèrement, touchés par cette découverte et par les histoires que nous leur avons transmises. Leur curiosité, leur sensibilité et leurs remerciements chaleureux nous rappellent combien il est essentiel de transmettre aux jeunes générations les clés pour se reconnecter au vivant et devenir, demain, des citoyens attentifs à la sauvegarde de la biodiversité. Cette journée, à la fois ludique et pédagogique, incarne pleinement l’esprit de l’écologie intégrale, qui relie environnement, économie et social. Elle témoigne de l’importance de semer, dès le plus jeune âge, les graines d’un respect durable pour notre patrimoine naturel.

C’est à la faveur d’une rencontre impromptue entre Monsieur le Préfet de l’Aube, Pascal COURTADE, et Joël GILBERT, président de l’association Arbres Remarquables de l’Aube, qu’est née l’idée d’ouvrir, le temps d’un week-end, le parc de la Préfecture à une découverte inédite : celle de ses arbres remarquables. L’association, consciente de l’importance de la mission confiée, a mobilisé son réseau de bénévoles passionnés et experts. Grâce à cette préparation, le public a pu être accueilli dans les meilleures conditions tout au long du week-end. Ce fut une véritable réussite. Aucun visiteur n’est resté insensible à ce patrimoine vivant, habituellement dissimulé derrière la majestueuse façade de la Préfecture. Aucun n’a écourté la visite pour rejoindre d’autres rendez-vous de ces Journées Européennes du Patrimoine. Tous ont pris le temps d’écouter, d’observer, de s’émerveiller. Les propos éclairés des experts de l’association, Loïc, Arnaud ou Gilles, ont trouvé un écho auprès d’un public parfois néophyte. Chaque arbre observé a été le support d’un message précis, alliant science arboricole et sensibilisation à la fragilité du vivant :

• Le hêtre pourpre a illustré les bonnes pratiques de taille douce : des coupes limitées à quelques centimètres de diamètre pour favoriser une cicatrisation optimale et limiter l’entrée des champignons lignivores. Les visiteurs ont pu constater des cicatrisations parfaites sur d’anciennes branches ainsi que plusieurs anastomoses spectaculaires reliant entre elles les branches de l’arbre.
• Les trois platanes ont été présentés comme un ensemble indissociable : leurs postures équilibrées, occupant l’espace aérien avec harmonie, témoignent d’une véritable symbiose. Leurs racines échangent entre elles, renforçant leur cohésion et leur vigueur.
• Le charme a servi d’exemple pour expliquer les conséquences d’une coupe mal cicatrisée : formation d’un bourrelet protecteur, infiltration possible de l’eau de pluie, et mise en place par l’arbre de barrières physiques et chimiques pour isoler la zone altérée, considérée comme un véritable corps étranger dans son fonctionnement métabolique.

Au-delà des pierres et des monuments, ce sont donc les arbres, témoins silencieux du temps et acteurs essentiels de notre cadre de vie, qui se sont imposés comme de véritables pièces du patrimoine aubois. La meilleure récompense de cet engagement se trouve dans les mots laissés par les visiteurs sur le livre d’or de la Préfecture. Deux témoignages, parmi tant d’autres, traduisent toute la singularité et l’importance de cette action :

• « Formidable visite et très humaine. À renouveler… La visite du parc guidée et la connaissance des arbres du guide a été un véritable plaisir et une leçon d’humilité. Merci. »
• « Bel accueil, belles découvertes, un guide des arbres magnifique, très érudit et intéressant. Les Journées du Patrimoine permettent de découvrir les merveilles de notre ville. »

Ces mots, simples et sincères, confirment que la démarche entreprise par l’association poursuit un objectif essentiel : sensibiliser pour mieux protéger.