L’hydrologie régénérative en forêt de Rumilly-lès-Vaudes et de Chaource

L’Hydrologie Régénérative est la science de la régénération des cycles de l’eau douce par l’aménagement du territoire.
Dans la pratique, l’Hydrologie Régénérative rassemble les pratiques de conception et d'aménagement qui permettent de :
Ralentir, Répartir, Infiltrer et Stocker toutes les eaux de pluie et de ruissellement, et– Densifier la végétation multifonctionnelle, cultivée ou non, pour améliorer leur résilience face à nombre de problématiques liées à l’eau (sécheresses, érosion, canicules, désertification, inondations, fertilité, biodiversité, évolutions climatiques,…)

L’hydrologie régénérative,
             c'est redonner l’eau à la forêt  

Autrefois, un fossé avait été creusé pour « assainir » la forêt et accroître sa productivité. Mais ce dispositif concentrait les eaux de pluie et les dirigeait brutalement vers le village (photo de gauche), provoquant des crues récurrentes.
En rétablissant un fonctionnement naturel par des embâcles (photo de droite), l’eau est désormais retenue et restituée à la forêt. Elle s’infiltre lentement dans le sol, alimente les nappes et reste disponible pour les arbres en été.
Si la forêt supporte quelques mois de sol gorgé d’eau, elle gagne en résilience le reste de l’année, car elle ne souffre plus du stress hydrique. Ainsi, la biodiversité se renforce, les arbres se développent mieux et les habitants sont protégés des inondations devenues annuelles.

Dimanche 24 août, notre association a proposé à ses adhérents sa seconde sortie nature de la saison, consacrée à la résilience des territoires forestiers.
À cette occasion, notre expert Johan Lesseure a partagé, en forêt domaniale de Rumilly-lès-Vaudes, sa grande expérience, ses connaissances et sa passion pour les arbres, ainsi que pour les interrelations entre l’eau et la biodiversité forestière.
Dans ce secteur, les petits cours d’eau forestiers — comme le ru de Vérien — ont été fortement recalibrés il y a trois ou quatre décennies afin de drainer le bassin versant et de faciliter l’exploitation intensive des boisements. Mais avec le changement climatique, les inondations récurrentes observées en aval, notamment sur la rivière Hozain et dans le bas du village de Rumilly-lès-Vaudes, ont conduit à une réflexion nouvelle.
Sur l’initiative de notre expert, le projet de régénération hydrologique a vu le jour : redonner au cours d’eau ses méandres d’origine, avec des moyens financiers modestes mais une grande richesse en intelligence collective.
Après un pique-nique convivial tiré du sac, la journée s’est poursuivie par la découverte de la réserve biologique intégrale (RBI) de la forêt du Haut Tuillot.
Depuis 2014, 127 hectares de forêt domaniale, anciennement exploités en taillis sous futaie mais riches d’une biodiversité remarquable, sont devenus un véritable laboratoire à ciel ouvert. Cet espace est désormais laissé sans aucune exploitation ni intervention humaine ad vitam æternam.
L’objectif premier de cette mise « sous cloche » est d’observer et mesurer les évolutions naturelles du milieu forestier et de ses différents compartiments écologiques grâce à de nombreuses études scientifiques.
Là encore, Johan, en véritable « forestier-écologue », a su capter l’attention et la curiosité de tous en apportant des explications éclairantes sur le fonctionnement, les enjeux et le devenir de telles forêts en plein cœur de la Champagne humide auboise.
(Pour en savoir plus sur cette réserve biologique intégrale, rendez-vous sur le site de l’ONF.). 
Plus d'info : site de l'ONF


Notons que le bassin versant « du haut Tuillot » est drainé par le ru d’Erlan, également très largement anthropisé dans son fonctionnement hydraulique dans les années 1960-70 ; c’est pourquoi, un projet de renaturation du cours d’eau est dores et déjà engagé par l’office national des forêts en lien étroit avec le SDDEA. Ainsi, la suppression de l’Etang du haut Tuillot (situé à l’amont immédiat de la réserve biologique) et sa transformation naturelle en une très belle zone humide, accompagnée d’un projet de « remise en eau » des méandres du petit cours d’eau devraient pouvoir assez rapidement être concrétisées au bénéfice de la reconquête naturelle des milieux humides et forestier. Ce projet de renaturation du milieu interviendra alors directement dans la régulation des débits du cours d’eau et de celui de la rivière Hozain qu’il alimente directement à l’aval.
De plus, la thématique de l’hydrologie régénérative ne s’arrête fort heureusement pas à la renaturation de ces deux petits cours d’eau et sont déjà des cas d’exemple à dupliquer au niveau national.
Dans cet esprit, le 27 Août dernier, notre association a été conviée à participer à une journée partenariale de terrain, organisée en forêt domaniale de Rumilly/Chaource par l’Association « Pour une Hydrologie Régénérative ». avec la venue sur place et la participation active de Charlène Descollonges, hydrologue de notoriété nationale, autrice et cofondatrice de cette association. L’ensemble des partenaires et acteurs locaux de ces différents projets (Mme le maire de Rumilly-lès-vaudes, l’ONF, le Syndicat départemental des eaux de l’aube, l’Établissement public de gestion des eaux de l’Armançon, etc ..) ont contribué à l’organisation de cette journée de partage de connaissance illustré des réalités de terrain. L’ensemble de ces expériences fera d’ailleurs prochainement l’objet d’un article dans la presse locale et d’une publication nationale l’automne dans la revue « Sciences et Avenir ».
Les exemples locaux de renaturation de trois cours d’eau forestiers du secteur (le Ru de Vérien, le Ru d’Erlan ainsi que le Brébant) ont été d’excellents supports de terrain des échanges très riches, nourris et fort appréciés des différents participants à cette journée.
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